J’ai commencé à travailler la « technique » du stenope en 2011. L’aspect rugueux et noir blanc « classique » du sténopé noir et blanc ne m’intéressait pas, et je suis tout de suite passé à la couleur. J’ai immédiatement été attiré par l’aspect « brut » et aléatoire du procédé. Au départ, c’est une forme basique. Une pair de ciseaux, une aiguille, une boite noire et quelque chose pour capter la lumière : l’enregistrement du miroitement … et puis c’est l’expérimentation : j’utilise dès lors toute sorte de supports dans de nombreuses boites : appareils bricolés, compacts, chambres photographique. Le mode opératoire déterminait en partie la forme.
Le temps et l’environnement marquent alors la majorité de mes épreuves : toute sorte d’anomalies et d’irrégularités marquent mes épreuves : pétouilles, eau de pluie, embruns, taches de sel, de sable ou de salive s’impriment sur mes épreuves. Ensuite, ce sont les aiguilles qui focalisent mon attention : la fabrique du trou, de la fenêtre lumineuse s’est imposée. Je pouvais à nouveau classer les épreuves par aiguilles comme celles réalisées avec des aiguilles de cactus en Argentine en 2012
Très vite, la possibilité de multiplier les expositions simultanées en pratiquant plusieurs trous est apparue comme une évidence. La possibilité d’enregistrer plusieurs « présents » simultanément devient une obsession : la stéréoscopie désynchronisée sera mon mantra : en 2014, je débute la série « Echo », un ensemble d’épreuves pour lesquelles je concentre mon attention sur l’onde, sur la propagation et l’empreinte des événements.
Je ne sais pas trop quand tout ça a commencé, mais je suis attiré par l’entité Temps. C’est une fascination. En travaillant à la séquence photographique, tentative de définition par découpage aussi jouissive que frustrante, je trouve le moyen de produire des (très) courts films en stop-motion avec mes « systèmes optiques ». De nouveaux « presque présent » apparaissent alors sur mes écrans, et j’aime ça.
Il y a la terre, la matière source, il y a le feu qui impacte tout, et il y a le temps autorise le mouvement. La vie apparaît, elle est jeune, foisonnante et frénétique. Le soleil insole tout ça, il agit comme un catalyseur, un révélateur.
Aujourd’hui, l’idée que j’enregistre une empreinte, celle de la lumière lorsqu’il n’y a plus de filtre entre elle et la surface sensible me séduit toujours : la lumière se glisse à travers un trou et frappe mes épreuves comme elle frappe ma rétine. Paf. Quelque chose se met en mouvement : j’en garde précieusement les traces.